Research - (2021) Volume 14, Issue 81

CAPITALIZATION AND PROMOTION OF SCIENTIFIC PRODUCTIONS IN IVOIRIAN ACADEMIC ENVIRONMENTS
SAKO EPSE BAYOKO*
 
Doctorante à la Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, France
 
*Correspondence: SAKO EPSE BAYOKO, Doctorante à la Chaire UNESCO pour la Culture de la Paix, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, France, Email:

Received: Sep 20, 2021 Published: Oct 11, 2021, DOI: 10.17719/jisr.2021.42715

Abstract

The purpose of this study, through the scientific research sector, is to analyze the factors hindering the process of capitalization of research data. To do this, a survey was carried out within Félix Houphouët-Boigny University. Qualitative methods through free interviews and the collection of some quantitative data allowed us to collect the necessary data and achieve the following results: the interest given to the capitalization of research data is perceived differently depending on the position of the actors and the services. Thus, despite the existence of a unit dedicated to capitalization, little research data is preserved, protected and valued. This situation makes research findings inaccessible to the scientific community.

RÉSUMÉ

Cette étude a pour objet à travers le secteur de la recherche scientifique, d’analyser les facteurs entravant le processus de capitalisation des données de recherche. Pour ce faire, une enquête a été réalisée au sein de l’université Félix Houphouët-Boigny. Les méthodes qualitatives à travers les entretiens libres et le recueil de quelques données quantitatives nous ont permis de collecter les données nécessaires et d’aboutir aux résultats suivants: l’intérêt accordé à la capitalisation des données de recherche est différemment perçu selon la position des acteurs et des services. Ainsi, malgré l’existence d’une cellule dédiée à la capitalisation, peu de données de recherche sont préservées, protégées et valorisées. Cette situation rend les acquis de la recherche non accessibles à la communauté scientifique.

Mots Clés: Capitalisation, gestion des données, valorisation, productions scientifiques.

Capitalization, data management, valuation, scientific productions.

1. INTRODUCTION

La capitalisation est un enjeu majeur dans la politique de gestion des productions scientifiques. Elle facilite le partage et l’échange des expériences qui sont des facteurs essentiels dans la valorisation et la prise en compte des connaissances générées à différentes échelles. Elle fait partie du dispositif de gestion des productions scientifiques (Ba et Sall, 2007:11).

Ainsi, dans ce processus, elle rend la gestion de connaissances optimale pour l’entreprise (Laurent et al, 2010:447). Cela montre que la capitalisation est primordiale dans la recherche. En effet, elle est la clef d’une bonne démarche d’amélioration (Huber, 1991:88). De ce fait, des organismes de recherche mettent en place une démarche qualité au sein de leur organisation. Ainsi la mise en place de la démarche qualité prend en compte la gestion des connaissances (Billaudot, 2004: 2). Par ailleurs, le système d’information existe principalement sous différentes formes que sont les connaissances explicites et les connaissances implicites. Les premières regroupent les connaissances facilement codifiées, énoncées et communiquées. Par contre, les connaissances tacites ou implicites concernent les savoirs intuitifs et les données de recherche. Cette dernière est la plus utilisée dans la gestion des données de recherche dans les universités et diverses entreprises privées et publics.Toutefois, la gestion, la conservation, la connaissance et donc l’exploitation puis la transmission des données de recherche manquent encore trop souvent de formalisme. Cela se traduit par les déperditions et les pertes de savoirs rendant ainsi l’information inutilisée avec le risque potentiel de perte d’une connaissance au demeurant primordiale. Etant donné qu’une recherche sans valorisation est une perte (Billaudot, Idem, 2004: 2).Conscients du rôle de la production et la diffusion du savoir, comme levier de développement économique et d‘amélioration de leurs conditions sociales, les autorités ivoiriennes ont mené depuis 2010 de nombreuses réformes pour améliorer la qualité de l'enseignement et de la recherche. Au nombre de celles-ci figure la dotation du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique d’un service dédié à la documentation. Ce service réalise un état des lieux exhaustif des besoins en renforcement des capacités documentaires. Il fait un état des lieux des ressources documentaires et une étude sur l’évaluation des besoins qui permet de disposer des listes d’ouvrages actualisées.

Toutefois, en dépit des actions menées par l’Etat ivoirien pour la promotion et la diffusion du savoir dans le cadre de la gestion des données de la recherche scientifique, l’on est encore à se questionner sur les contraintes de gestion des productions scientifiques dans les institutions universitaires publiques. C’est le cas de l’Université Félix Houphouët Boigny dans laquelle les autorités de tutelle ont mené des actions pour la mise en place de mécanismes de capitalisation des données de recherche à travers sa dotation d’un service recherche, valorisation et innovation. Ce service a diverses missions notamment la contribution à la valorisation des résultats de recherche tout en valorisant les acquis de la recherche scientifique.

Cependant, malgré l’existence d’un mécanisme de gestion des productions scientifiques au sein de cette université, peu de travaux sont valorisés. Face donc à cela, nous sommes en droit de poser la question suivante : Quels sont les facteurs entravant le processus de capitalisation des productions scientifiques à l’UFH-B ? Comment la gestion des données de recherche est-elle faite ? Au vu du flux important de données de recherche produites à l’UFH-B, il nous est apparu important de songer à la capitalisation de ces données en vue d’une meilleure exploitation. Ainsi, la présente étude se propose d’analyser les facteurs entravant le processus de capitalisation des données de recherche au sein de cette université.

2. MÉTHODOLOGIE

Une enquête a été menée sur le terrain, elle a concerné l’Université Felix Houphouët-Boigny. En effet, l’enquête a concerné le Service Recherche, Valorisation et Innovation (SRVI) rattaché à la Vice-Présidence chargée de la Recherche et de l’Innovation Technologique (VPRIT). Le choix porté sur ce service au sein de cette université s’explique par sa place et son rôle dans la gestion des données de recherche scientifiques issues des différents champs disciplinaires.

Deux méthodes ont été utilisées dans la collecte des données. Il s’agit des méthodes qualitatives avec des entretiens semi-libres avec l’élaboration d’un guide d’entretien et quantitative à travers une enquête par questionnaire. Aussi, l’usage de l’observation directe nous a été utile. Les individus concernés dans cette étude sont d’une part les Vice-Doyens chargés de la recherche, les responsables des bibliothèques des différents départements et les responsables des laboratoires et d’autre part les enseignants-chercheurs et les chercheurs. Le premier groupe est interrogé, car ce sont eux qui gèrent les données de recherche dans les treize Unités de Formation et de Recherche (UFR) de l’université. Ensuite le second groupe, car ils sont censés nous donner des informations dans la mesure où ils sont ceux qui produisent les données de recherche.

Concernant les Vice-Doyens et responsables de Laboratoires, nous avons utilisé l’échantillonnage par choix raisonné. En effet, nous avons constitué l’échantillon sur la base du jugement du chercheur et de la position sociale des différents enquêtés. Au total, après avoir interrogé treize (5) Vice-Doyens et vingt (5) responsables de Laboratoires et centres de recherche, nous avons pu atteindre le point de redondance. Ces entretiens ont permis de comprendre le mécanisme de capitalisation des données de recherches et de donner une orientation globale à l’étude. Les données collectées dans les laboratoires ont servi à consolider celles obtenues dans les UFR respectives. En ce qui concerne les données quantitatives, un questionnaire a été administré à 100 Enseignants-chercheurs, chercheurs, Doctorants et Masterants qui entrent dans le cadre de cette étude sous la base d’un échantillonnage par choix raisonné. Nous avons par ailleurs tenu compte de l’avis de certaines personnalités de l’université Felix Houphouët-Boigny. Il s’est agi du Vice-Président chargé de la Recherche et de l’Innovation Technologique (VPRIT) et du Chef de Service Recherche, Valorisation et Innovation (SRVI). Ces personnalités sont interviewées dans la mesure où elles sont les premiers responsables de la gestion des données de recherche au sein de cette université.

Les informations recueillies à partir des entretiens ont été traitées sur la base du principe de l’analyse de contenu. Et les données quantitatives ont été analysées au moyen du logiciel Microsoft Office Excel 2013 afin d'apporter des réponses aux interrogations formulées sur la capitalisation des données de recherche, mais aussi de renforcer les informations recueillies des entretiens semi-libres.

I- CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES DES ENQUÊTÉS

I-1 Identification des enquêtés

La capitalisation des données de recherche est considérée par l'ensemble des enquêtés comme étant d’un intérêt majeur pour l’université. L’identification de l’effectif total du personnel dédié à la recherche au sein de cette université a été effectuée sur la base de leur catégorie professionnelle. Le graphique qui suit, donne une tendance des enquêtés.

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Graphique 1. Répartition des enquêtés selon leur catégorie professionnelle.

Source: Données d’enquête, Décembre 2020

Le graphique montre la place de la profession sur la recherche. En effet les personnes dédiées à la recherche au sein de l’université Félix Houphouët-Boigny sont constituées majoritairement d’enseignants chercheurs (44%) et de masters (32%). en outre, les doctorants occupent une place non négligeable dans la mesure où 22% de cette catégorie professionnelle sont dédiées à la recherche. La recherche a pris un important tournant social. La multidisciplinarité est tellement requise aujourd'hui qu'elle est même devenue un des critères déterminants de l'attribution des fonds de recherche. Il est de plus en plus nécessaire pour les différentes catégories professionnelles de travailler en équipe, afin de se donner la possibilité de forger de nouvelles connaissances à propos de problèmes encore irrésolus.

I-2 Genre et recherché

Intégrer le genre dans la recherche répond à un questionnement à la fois scientifique et éthique. Il s'agit de lutter contre les inégalités et les discriminations qui touchent les hommes et les femmes dans les domaines de la recherche. Les données de recherche démontrent une faible proportion de parité de genre. En effet à l’université Félix Houphouët-Boigny, la majeure partie du personnel dédié à la recherche est de sexe masculin et une faible proportion de sexe féminin. Le tableau ci-dessous donne une proportion du rapport genre et recherche.

Personnes dédiées à la recherche à l’UFHB Hommes (%) Femmes (%)
Enseignants-Chercheurs 91 9
Chercheurs 85 15
Techniciens 78 22
Doctorants 94 6
Master 2 94 6

Tableau I. Répartition du personnel dédié à la Recherche selon le Genre.

Source : données d’enquête, Décembre 2020

A l’analyse du tableau, on constate que plus de 90% du personnel dédié à la recherche est constitué du sexe masculin contre moins de 10% du sexe féminin. Les proportions réaffirment que peu de femmes postulent au doctorat ainsi qu’au master. L’étude a montré qu'un meilleur accès des femmes aux fonctions de recherche est lié à une prise de conscience accrue quant aux inégalités de genre. Il est aujourd'hui admis que les questions de genre doivent être interrogées à tous les niveaux d'activité et d'organisation des recherches, c'est à dire également dans les questions de recherche ainsi que dans les méthodes mobilisées. L'un des objectifs de la présente étude consiste donc à s'assurer que les activités scientifiques sont également soumises à ces questionnements, raison pour laquelle les problématiques de genre sont intégrées au coeur de cette étude.

II- Gestion des données de recherche

II-1 Compréhension et intérêt de la capitalisation des données de recherche

La question de la capitalisation des données demeure un enjeu fondamental dans le processus de fonctionnement de toute institution universitaire. A la question de savoir s’il existe un service ou une cellule dédié à la capitalisation des données de recherche au sein des structures de recherche à l’université Félix Houphouët-Boigny, le graphique suivant démontre l’intérêt accordé à la capitalisation.

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Graphique II. Répartition des enquêtés selon l’existence d’un service ou une cellule dédiée à la capitalisation des données de recherche

Source : Données d’enquête, décembre 2020

L’analyse de ce graphique montre que trois personnes sur quatre (3/4) soit 75% des enquêtés reconnaissent l’inexistence de cellule dédiée à la capitalisation des données de recherche. Par contre une personne sur quatre affirme l’existence d’un service dédié à la capitalisation des données de recherche dans leur service. Cela dénote le faible intérêt accordé au processus de capitalisation des données au sein des structures de recherche publique. Le regard et la perception des enquêtés indique d’un besoin de visibilité du service dédiée au système de capitalisation des données de recherche.

Dans toutes les structures enquêtées, l’importance de la capitalisation des données de recherche a été affirmée même si peu reconnaissent l’existence d’un service ou une cellule dédiée à la capitalisation des données de recherche. Cela montre que la capitalisation est primordiale dans la recherche. En effet elle est la clef d’une bonne démarche d’amélioration. La constitution d’un phénomène et l’établissement d’un fait ou d’un énoncé sont étroitement associés à une histoire des contingences du processus de recherche. La question de la documentation devient une préoccupation pour les chercheurs eux-mêmes lorsqu’ils souhaitent revenir sur une étape antérieure ou reprendre un projet engagé par un collègue. D’où la nécessité de la gestion des connaissances en s'appuyant sur la gestion de l’information et d’initier des voies d’amélioration. En outre, ces dernières années, quelques structures de recherche se sont intéressées à la démarche qualité comme moyen pour améliorer leurs activités. En effet, l’activité de recherche exige de la rigueur dans la production des connaissances. Cependant, elle présente des spécificités en termes de buts, de ressources, pratiques et organisation. Les informations collectées sur la capitalisation des données de recherche à l’UFHB révèlent que malgré son importance, peu d’UFR accordent un intérêt particulier à ce processus. En effet la capitalisation nécessite un ensemble de moyens matériels, techniques et humains.

L’observation du terrain a permis de constater que plusieurs caractéristiques de l’activité de recherche rendent difficile sa gestion. L’on note la diversité de champs d’activité au sein d’un même laboratoire. La grande quantité de rapports et fichiers numériques à gérer, la traçabilité des productions scientifiques, la multiplicité des méthodes de travail, la grande rotation du personnel, la multiplicité d’activités qui doivent être développées en parallèle, avec des horizons de travail divers, et qui doivent être coordonnées pour aboutir à des résultats valables. D’où l’intérêt d’avoir des dispositifs de suivi et d’accompagnement pendant le processus de recherche, de capitaliser l’histoire d’un projet, de mettre en place des procédures de validation des résultats. Toutes ces caractéristiques compliquent la gestion des connaissances et la définition d’une instrumentation standardisée.

II-2 Typologie des données de recherche produites

L’Université Félix Houphouët-Boigny avec ses treize (13) Unités de Formation et de Recherche (UFR) est une université très dynamique, impliquée dans la recherche. Les résultats de l’étude montrent que toutes les UFR enquêtées détiennent des données de recherche. Celles-ci existent sous différentes formes, puis produites par divers auteurs. Les données de recherche existent de différentes formes. Ainsi, parmi les productions scientifiques, les mémoires de master, les thèses et les publications scientifiques (articles) sont les plus nombreux. Le graphique qui suit en est une illustration.

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Graphique III. Répartition des enquêtés selon la typologie des données de recherche produites.

Source : Données d’enquête, décembre 2020

A l’analyse de ce graphique, il ressort que les travaux de recherche des étudiants constituent la grande partie des productions scientifiques. En effet, 60% des productions sont soit des mémoires de Master, soit des thèses de recherche. En outre, suivent les publications scientifiques qui représentent 30% des recherches. La proportion des travaux d’étudiants s’explique par le fait que la population la plus importante au sein de cette université est constituée majoritairement d’étudiants. De plus, au-delà de leurs travaux de fin de cycle, ces étudiants produisent également des publications scientifiques (articles). Ainsi, les publications scientifiques (articles) sont l’oeuvre des étudiants, des Enseignant-Chercheurs et des Chercheurs. Ce qui permet de grossir le nombre de publications scientifiques. Toutes les structures enquêtées possèdent des données de recherche tels que les mémoires, les articles. Cela montre tout l’intérêt que les enseignants accordent à la recherche. Elle est la base de tout développement. Ces acquis constituent un atout essentiel.

II-3 Typologie des auteurs des données de recherche

Depuis l’avènement du système Licence Master Doctorat (LMD) en 2012 à l’université Félix Houphouët-Boigny, chaque étudiant inscrit au cycle du master doit produire un mémoire. Egalement le diplôme de doctorat est octroyé après une soutenance publique d’une thèse de recherche. Quant aux publications scientifiques elles relèvent des enseignants, chercheurs et des doctorants. Le graphique ci-dessous donne la proportion des auteurs des données de recherche à l’université Félix Houphouët-Boigny.

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Graphique IV: Répartition des enquêtés selon les auteurs des données de recherché.

Source : Données d’enquête, décembre 2020

Au regard de ce graphique, il ressort que les étudiants sont majoritaires dans la production des données scientifiques à l’université Félix Houphouët-Boigny. Ils représentent 58% des auteurs, soit plus six (6) personnes sur dix (10). Les enseignants chercheurs et chercheurs correspondent à 40% des producteurs des données scientifiques. Les étudiants sont majoritaires dans la mesure où les doctorants et les masterants produisent non seulement des travaux de fin de cycle (mémoires et thèses), mais également publient des articles scientifiques au même titre que les enseignants. En outre, ils sont plus nombreux que les enseignants-chercheurs et chercheurs.

Ces scientifiques ou auteurs utilisent plusieurs canaux pour communiquer les travaux et les résultats de leurs recherches. Ces communications scientifiques se présentent sous plusieurs formes : la communication orale dans un congrès, un séminaire ou une réunion interne, l’article scientifique ou la revue générale et enfin le mémoire, la thèse, le livre etc. Toutefois, dans le cadre de la présente étude, les communications scientifiques sont basées sur l’écrit. En effet, même si on trouve des communications orales, l’écrit s’impose toujours dans la communication scientifique puisqu’il sert de preuve et c’est par son intermédiaire que le travail de recherche original est approuvé.

II-4 Préservation et valorisation des données

Concernant le degré d’application du processus de capitalisation au sein des Unités de Formation et de Recherche (UFR), des centres de recherche et des laboratoires, les résultats obtenus montrent que la majorité des structures enquêtées n’ont pas de données structurées. Cependant, chaque structure possède une procédure de collecte de données de recherche. En ce qui concerne la préservation et la protection des données de recherche, il a été constaté l’existence d’un système de protection. Le tableau ci-contre donne un aperçu de la valorisation des données au sein de l’université Félix Houphouët-Boigny.

Existence d’un système de préservation et valorisation des données oui non Total
Fréquenc e (%)
Exploitations données de recherche 87,5 12,5 100
Accessibilité des données de recherche 50 50 100
Possession des activités de partage de données 62,5 37,5 100
Existence de la valorisation des résultats de la recherche à l’UFHB 62,5 37,5 100
Existence d’actions de valorisation partenariale des données de recherche 25 75 100

Tableau II. Répartition des enquêtés selon la valorisation des données de recherché.

Source : Données d’enquête, décembre 2020

A l’analyse de ce tableau, il ressort que 87,5% des enquêtés reconnaissent qu’il existe un système d’exploitation des données de recherche dans leurs structures. Par contre une personne sur deux (1/2) estime que les données de recherche sont accessibles dans leur structure, soit 50% des enquêtés. En ce qui le partage des données de recherche et l’existence de la valorisation des résultats de la recherche au sein de l’université, 62,5% des enquêtés ont répondu par l’affirmatif. Par contre trois personnes sur quatre soit 75% des enquêtés reconnaissent l’inexistence d’actions de valorisation partenariale des données de recherche dans leur structures. En effet, cette inexistence d’actions de valorisation est le résultat d’un manque de système d’interactions construit à un niveau macrosocial et microsocial non seulement entre les producteurs des données scientifiques, mais également entre l’université Felix Houphouët-Boigny et les partenaires des autres milieux professionnels.

Une recherche sans valorisation est une perte. Ainsi pour une meilleure valorisation des acquis de la recherche, ces acquis doivent être accessibles à la communauté en vue de mener des actions communes de valorisation des résultats de la recherche.

Les résultats ont montré près de la moitié des structures enquêtées actualisent leurs données de recherche. Cependant la périodicité n’a pas été précisée. Cela montre la dynamique suscitée autour de la recherche à l’UFHB. En effet, la recherche étant continue, une bonne actualisation permet d’être en phase avec l’évolution de la société. Ainsi les résultats obtenus pourraient être exploitables par la communauté. Pour une meilleure gestion des données, il convient d’actualiser régulièrement les données de recherche. L’échange de données, la valorisation des résultats de recherches dans les environnements de la recherche est devenu crucial d’où l’intérêt de coopérer et de partager les connaissances entre les différents systèmes malgré leurs hétérogénéité.

Etant donné que la recherche est effectuée dans un cadre institutionnelle (centre de recherche, universités, laboratoires, ONG, équipes de recherche), ainsi les résultats des recherches appartiennent à ces institutions. Les résultats auxquels nous sommes parvenue, est qu’il existe un potentiel très important de protection des données produites pendant la réalisation des projets de recherche (financés par les bailleurs de fonds). Ainsi ces connaissances, qui sont des résultats des projets de recherche, sont déjà protégées voire capitalisées grâce aux mécanismes existants de valorisation de la recherche. Par contre, une très grande quantité des connaissances produites pendant le processus de recherche reste peu capitalisée. Il est impératif de préserver ces données afin d’éviter des fuites.

La moitié de structures enquêtées a des données structurées. Cependant, elles ne possèdent pas de procédure concrète de capitalisation de leurs données. En effet, une bonne capitalisation de données nécessite une procédure, car elle se déroule en plusieurs étapes. Il en ressort que la capitalisation des données est partiellement effectuée au sein des structures enquêtées.

3. DISCUSSION

La gestion des connaissances est primordiale dans le développement socioéconomique et politique d’une nation. Ces connaissances sont exploitables aussi bien par les professionnels du secteur privé que ceux du secteur public. Ainsi, Laurent et al (2010 : 447) abordent la gestion de connaissances dans une perspective stratégique et pluridisciplinaire. L’auteure cite, la sauvegarde de la connaissance comme l’un des objectifs qui permet d’éviter la perte des données de recherche. Elle met aussi au coeur de son analyse le partage de la connaissance et le travail collaboratif entre les membres de l’entreprise. Dans le même ordre d’idée, la FAO (2010 :2), évoquant l’importance de la capitalisation, montre qu’elle constitue un capital à partir des informations ou connaissances disponibles dans une organisation afin de les valoriser par leur mise à disposition auprès d'autres institutions ou acteurs. Verdier (1999 :1), pour sa part, identifie le savoir comme la nouvelle base de compétitivité dans la société post-capitaliste. Pour lui, la productivité du savoir est devenue pour un pays, une industrie, une entreprise, le facteur de compétitivité déterminant. Il ajoute qu’en matière de savoir, aucun pays, aucune industrie, aucune entreprise ne possède un avantage ou un désavantage 'naturel'. En effet, elle permet de développer un savoir-faire adapté aux enjeux et aux modes d’organisation du secteur productif. Associant la gestion des connaissances au monde de l’entreprise, Matta et al (1999 : 5) montrent que l’avènement des technologies de l’information ouvre de nouvelles perspectives de partage d’informations et d’expériences entre les différents acteurs de l’entreprise. Ainsi, la crainte de perte des connaissances, amène les entreprises à chercher un moyen de capitalisation en vue d’une réutilisation ultérieure. C’est en cela que Grundstein (2002 :2) soutient que la perte des données de recherche conduit potentiellement à un échec de l’organisation. Aussi, il ajoute qu’en l'absence d’un système de formalisation, les connaissances sont difficiles à repérer et à exploiter. Dans ce sens, au-delà des savoirs tangibles formalisés et archivés, les connaissances restent fortement dépendantes de celles des personnes. Il montre l'intérêt de favoriser d’une part, l’échange et le partage de ces connaissances ; d’autre part, leur transformation en connaissances explicites et d'élargir ainsi le champ des connaissances susceptibles d'être géré par des règles de propriété industrielle. Contrairement aux auteurs précédents, Accart (2001 :3) évoque les difficultés liées à la capitalisation de connaissances. Selon l’auteur, ces difficultés sont principalement liées au changement de personnel. Il évoque aussi le manque d’informations qui se traduit soit par la non formalisation, soit par la non capitalisation de la connaissance.

Ces résultats convergent dans une certaine mesure avec les nôtres. Bien vrai qu’il existe un système de capitalisation des données de recherche au sein de l’institution qui est au coeur de notre étude, il ressort que l’accessibilité à ces données n’est pas effective. Ainsi, l’intérêt de la gestion des connaissances, réside dans la restitution au moment opportun, de la bonne information pour le bon interlocuteur, au bon moment. Cela sous-tend qu’il faille organiser concrètement le système de stockage et de restitution à travers un certain nombre d’outils opérationnels tels les modèles de capitalisation.

4. CONCLUSION

La capitalisation constitue un enjeu stratégique pour la gestion des productions scientifiques. Cet enjeu managérial de la gestion des connaissances est un levier d’une performance organisationnelle par l’implication d’un engagement humain profond. Les institutions universitaires, creuset de production des données de recherche, sont incontournables dans le management des connaissances. Cela nécessite la mutualisation des connaissances et la collaboration entre les institutions publiques et privées. Ainsi, l’implication des divers programmes, réseaux et alliances partenariaux dans la recherche constitue un atout majeur, dans un environnement de partage de savoirs.

BIBLIOGRAPHIE

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Mémoire de DEA, Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information des Bibliothèques (ENSSIB) �?? LYON.

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